Interview avec SOULBREAKER, à l’occasion de la sortie de leur EP « Rising From Insanity »

A l’occasion de la sortie de leur EP « Rising From Insanity », les toulousains de SOULBREAKER m’ont accordé de leur temps durant une répétition. Rencontre avec Aurélien, Romain, Nathan et Kévin à Colomiers.
Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter pour les personnes qui ne vous connaissent pas encore et nous dire comment vous vous êtes rencontrés, et comment avez eu l’idée de créer ce groupe ?
Aurélien : Le groupe est né de l’initiative de Kévin et moi, on se connait depuis l’âge de 6 ans et nous avons décidé de créer un groupe en 2021, après diverses expériences musicales communes. Puis, nous avons posté une annonce sur les réseaux, c’est comme ça que Nathan est rentré dans le groupe et a lui-même introduit Romain qui était intéressé pour jouer dans un groupe. Nous avons évidemment fait passer quelques auditions et fait plusieurs essais ensemble pour être sur que cela aller fonctionner.
Il me semble, Aurélien, que Soulbreaker n’est pas ton premier groupe ?
Aurélien : En effet, auparavant je chantais dans plusieurs formations telles que VARKODYA, BURNING SKULL, mais aussi dans EVILNESS et dans OKMAH. Je fais de la musique depuis l’âge de 14/15 ans, donc on peut dire que j’ai une petite expérience dans la scène metal, que ce soit sur scène ou en production.
Kévin, comment as-tu pris l’initiative de te lancer dans l’aventure SOULBREAKER ?
Kévin : Ben il faut savoir que j’avais arrêté la guitare pendant pas mal d’années et un jour Aurélien est venu me voir avec un logiciel Cubase et il m’a proposé de jouer un morceau. J’ai trouvé que le son était particulièrement qualitatif, je me suis dit qu’on pouvait faire quelque chose d’intéressant. Sur le plan technique, j’avais pas le même niveau que maintenant.
Vos influences musicales sont assez variées pour chacun d’entre vous, pouvez vous nous en parler, nous dire quelle place elles ont dans votre création musicale ?
Nathan : Kévin est plus sur les classiques du thrash, on peut citer METALLICA notamment, il écoutait aussi TRIVIUM, MACHINE HEAD… Aurélien lui est particulièrement fan de WARBRINGER.
Aurélien : Il y a vraiment deux groupes qui m’ont influencé à faire du Thrash : c’est HAVOK et WARBRINGER. Je m’étais remis à écouter EVILE aussi. C’est notamment quand on voit jouer les groupes sur scène, qu’on voit l’énergie qu’ils dégagent, que ça te donne envie de faire un groupe et de faire de la musique. C’est notamment DYING FETUS qui m’a donnée envie de faire du death à un certain moment, quand je les avais vu à l‘ Xtreme Fest. (rires)
Nathan : Mes influences viennent plus du thrash old school, donc on peut citer principalement SLAYER, TESTAMENT, ANTHRAX, EXODUS… et j’essaie également d’amener beaucoup d’influences Hardcore au niveau de la batterie dans le groupe.
Envisagez vous de faire évoluer votre style de musique, ou de le « diluer » avec d’autres genres comme le death ou du Black ?
Nathan : Ça malheureusement nous ne pouvons pas le prévoir, mais on reste ouvert à tout, mais il est certain que l’on joue aussi en fonction de nos humeurs. Sur certains morceaux, avec Aurélien, on voulait quelque chose d’assez speed donc des sons qui rappellent ANGELUS APATRIDA, ou TESTAMENT pour la batterie notamment.
Aurélien : On ne réfléchit pas à vrai dire, notre création musicale est très instinctive, c’est comme ça que vient l’inspiration aussi ; parfois quand on est en train de jouer, progressivement au cours de nos expérimentations, on trouve de nouvelles mélodies qu’on pourrait exploiter ou retravailler plus tard.
Pour ce qui est de la composition, sans aborder l’aspect technique, comment arrivez-vous à vous entendre, avez-vous une ligne directrice à suivre ?
Aurélien : C’est très différent pour chaque morceau, ils ont tous une histoire particulière. Par exemple, « Rising From Insanity » a été écrite en grande partie par moi en 2019, on a travaillé sur cette composition avec Kévin au fur et à mesure du temps, de même pour « Bad Reflect »; j’amène une base et je la propose au reste du groupe qui est libre de donner son avis. De manière générale, on est tous les quatre d’accord sur la composition des musiques qu’on produit.
S’agissant de l’écriture des textes et des thèmes abordés dans vos morceaux, retrouve-t-on les thèmes récurrents au Thrash comme la violence, la drogue, la dystopie ?
Nathan : Ça dépend des morceaux, mais c’est surtout la société actuelle qu’on aborde dans notre musique, mais il est vrai que les thèmes abordés dans le thrash en général, se retrouvent aussi dans le death, ou encore dans d’autres styles.
Aurélien : Par exemple dans « Rising From Insanity », il est question de schizophrénie, en général je préfère parler des choses qui m’inspirent sur le moment et qui ne collent pas forcément aux codes du Thrash. On a pas forcément envie de rester dans les clichés du genre.
Un autre sujet a été une source de désaccord dans votre groupe notamment le logo du groupe et la pochette ?
Aurélien : Oui, on a demandé à plusieurs personnes de nous venir en aide pour créer les visuels du groupe, donc on a reçu plusieurs propositions qui n’ont pas forcément fait l’unanimité parmi nous, jusqu’à ce qu’on demande à Maxime Brugié (REKTIFIER, VARKODYA) de nous faire le logo, puisqu’il est spécialisé là-dedans. La pochette de l’EP a été faite par Laurent Houis (INLANDSYS) qui est graphiste de métier.
Nathan : En tout cas, il est hors de question que l’on fasse appel à une intelligence artificielle pour le visuel du groupe. (rires)
On va essayer de se projeter un petit peu, dans un futur proche ; Comment vous situez-vous dans la scène locale et nationale, bien que vous démarrez, comment envisagez vous votre avenir musical ?
Kévin : Franchement, moi je suis pour l’instant plutôt satisfait. Il est vrai qu’on a beaucoup de dates de concerts prévues et pour la plupart, ce sont des démarchages extérieurs, là-dessus on peut dire que l’on a de la chance.
Nathan : On essaie de continuer sur la lignée ou nous nous trouvons actuellement, et on est plutôt content pour le moment.
Aurélien : C’est vrai que actuellement le plus important pour nous c’est de roder notre set pour les dates à venir et de se s’entraîner sur scène, je suis celui qui a le plus d’expérience dans le groupe par rapport à mes compères, singulièrement pour ce qui est de monter sur scène. Puis après, c’est vrai que l’on aimerait faire un ou deux singles, on aimerait bien pourquoi pas faire un clip aussi, on est déjà en train de faire imprimer des CD’s de notre EP . D’ailleurs, aujourd’hui celui-ci est disponible sur les plateformes de streaming, et puis plus tard dans l’évolution du groupe, on essaie de se projeter sur un album.
Quel regard portez vous sur la scène metal actuelle, en France et à Toulouse en particulier, on peut dire qu’il y a énormément de groupes dans la ville rose, vous sentez vous en concurrence avec les autres groupes ?
Nathan : On peut dire que la scène metal française se porte bien. Il y a énormément de groupes et beaucoup de passionnés, par contre il faut être honnête, pour faire des concerts c’est devenu compliqué de pouvoir jouer dans les salles, notamment depuis le covid, surtout à Toulouse, beaucoup de salles ont fermé. Mais Toulouse reste une ville étudiante donc on peut dire que ça bouge quand même au même titre que Lyon et Paris.
Romain : Dans le thrash, on est pas nombreux à Toulouse, on se sent pas en concurrence parce qu’on les considère comme étant des alliés importants pour faire vivre la scène metal à Toulouse. Mais on ne fait pas la course à vouloir absolument être le meilleur groupe de Toulouse.
Nathan : Nous ne nous sentons pas en compétition, au contraire je pense qu’il faut voire ça comme une collaboration avec les autres groupes et je pense qu’il faut être solidaire avec eux.
Aurélien : La compétition est aussi envers toi-même. On essaie de donner le meilleur de nous-même dans notre musique au quotidien, on est tous les quatre d’accord sur la direction qu’on veut donner au groupe et il faut dire qu’on est ambitieux. Notre but c’est de jouer le plus possible, pour le moment nous sommes encore un groupe qui débute, donc on accepte toutes les scènes et les soirées qu’on nous propose pour nous produire devant un public. Et puis on aimerait, pourquoi pas, jouer à l’étranger un jour.
Il est vrai que l’argent peut être un frein pour les groupes qui débutent, comment abordez-vous la question financière ?
Aurélien : On a investi beaucoup dans le matériel, on fait tout ce qui est en notre possible pour nous préparer au mieux, pour être bien équipé…, on essaie de nous améliorer sur tout les aspects du mieux qu’on peut, tout ce qu’on investit pour le groupe, c’est dans nos « murs » et puis on a la chance de répéter gratuitement. Pour l’avenir du groupe, on réfléchit à peut être créer une association ou une cagnotte.
Les plateformes de streaming en général et Spotify en particulier on envahit le monde de la musique, pensez-vous que cela puisse servir à votre carrière ?
Aurélien : Pour tout l’aspect communication, réseaux sociaux et Spotify, on se fait aider par nos amis, on arrive a trouver des solutions. Il est vrai que le streaming est plus populaire que jamais, donc ça peut perdre les gens. Mais il est important de souligner qu’aujourd’hui, il y a quand même encore des gens qui achètent des CDs.
Nathan : C’est vrai que Spotify ça peut nous aider beaucoup, mais au-delà des plateformes de streaming, je suis encore très attaché au physique, donc je trouve important de faire presser des disques, des vinyles, je ne vois pas l’intérêt de sortir uniquement en format dématérialisé.
Aurélien : Surtout dans le style dans lequel on évolue, c’est-a-dire le Thrash. Le physique est une part importante de l’identité de cette musique, une musique un peu old school, les gens ont le goût de l’objet, de la cassette, du CD, du vinyle, de la collection…
Romain : Moi personnellement, j’ai tendance à acheter encore des disques, des vinyles, on compare nos collections avec nos amis… On est un peu encore dans l’objet, on peut dire, de manière générale, que le « metalleux » est collectionneur.
Personnellement, je suis un peu noyée dans le nombre important de groupes qu’il existe aujourd’hui en France et dans le monde, je trouve qu’il y en a beaucoup, qu’en pensez vous ?
Aurélien : C’est vrai qu’aujourd’hui, il est devenu très facile de produire de la musique. C’est particulièrement accessible, on peut trouver des formations sur internet, des cours pour apprendre à jouer d’un instrument, on peut s’auto-former, on peut presque tout faire soi-même, chez soi surtout si on est bien équipé et c’est mon cas par exemple. Je me suis occupé de l’EP « Rising From Insanity », de l’enregistrement jusqu’au mastering, on arrive à fabriquer un son de très bonne qualité. Cependant pour se différencier des autres groupes il est indispensable que la prestation soit impeccable, ça comprend la qualité du son, la mise en scène, la présence scénique, notamment.
Ne pensez-vous pas que musicalement les artistes sont arrivés au terme de leur imagination, peut-on encore créer de nouvelles choses qu’on n’a jamais vu auparavant ?
Aurélien : On peut dire qu’il y a encore des groupes qui arrivent a surprendre, on peut repousser les imites de notre art avec tous les moyens techniques mis à notre disposition et les artistes ont aujourd’hui une très grande marge de manœuvre. C’est le challenge de l’humain de continuer à se surpasser et d’être « original », mais c’est vrai que SOULBREAKER ne cherche pas à forcement à être « original ». On essaie juste de produire une musique qui nous plaît, qui nous correspond.
Nathan : Chaque année les goûts changent, dans l’histoire du metal, il y a eu tellement de courants de différents dans ce genre, c’est une boucle qui ne s’arrête jamais. Il y a toujours des nouvelles choses a faire, de nouvelles influences intéressantes, des surprises musicales, des choses auxquelles on n’avait pas pensé. Aujourd’hui, les esprits sont plus larges qu’avant pour la création et le mélange des genres, quel que soit l’art exercé.
Bien que vous ayez baigné tous les quatre dans le metal, arrivez-vous à sortir de votre « zone de confort », à écouter d’autres choses, notamment parmi la nouvelle génération d’artistes, êtes-vous curieux des musiques auxquelles vous n’êtes pas habitués ?
Romain : Personnellement, je ne suis pas amateur de deathcore, mais il y a une nouvelle vague au sein de ce genre qui se renouvelle de manière intéressante. J’ai remarqué notamment une vague de deathcore symphonique que j’apprécie beaucoup. Je vais citer un groupe comme SINISTRA qui fait du deathcore, avec des passages emprunt de musique classique qui ressemblent à Bach et Vivaldi et je trouve ça formidable !
Aurélien : C’est vrai que les goûts sont personnels et différents pour chacun de nous, moi j’ai découvert GHOST il y a deux ans, on m’en avait parlé dans mon entourage, alors que ce groupe ne faisait pas l’unanimité surtout chez les « metalleux « puristes ». Musicalement, c’est efficace, c’est super bien écrit, c’est très original je trouve !
Nathan : Moi, j’aime bien Françis Cabrel et dans la variété française, je trouve qu’il y a quand même quelques pépites, personnellement. J’écoute aussi du trip pop, du Hardcore, j’adore DEPECHE MODE et THE PRODIGY aussi. Nos esprits ne sont pas fermés pour ce qui est des différentes musiques ; il y a de bonnes choses dans tous les styles.
Aurélien : Moi, j’apprécie aussi les musiques de film, un peu de musique classique aussi, des musiques de jeux vidéos ou d’animés, j’aime bien aussi la Drum and Bass.
On va finir cette entrevue sur la question « entretien d’embauche ». Où vous voyez vous dans 5 ans ?
Aurélien : Ben j’espère déjà qu’on sera toujours ensemble déjà car de nos jours, c’est difficile pour les formations de garder le même line up tout au long d’une carrière. Les groupes se séparent pour des raisons diverses et variées. J’espère que ça ne nous arrivera pas ! (Rires)
Romain : Je trouve personnellement qu’on forme une belle équipe tous les quatre. Je suis très heureux de faire partie de ce groupe.











