
« Entre chaos moderne et mélancolie électrique : SLEEP THEORY signe un premier album coup de poing. Trois ans après avoir fait parler d’eux avec leurs singles viraux sur TikTok et YouTube, les jeunes loups de SLEEP THEORY sortent enfin leur premier long format, « Afterglow », sous la houlette du prestigieux label Epitaph Records. Porté par un trio vocal aussi complémentaire qu’explosif et un songwriting à mi-chemin entre metalcore, alt-metal et pop-R&B, le quatuor de Memphis livre un disque aussi accessible qu’exigeant. Et surtout, éminemment sincère.
Une ouverture sous tension : le choc « Static », dès les premières secondes, SLEEP THEORY annonce la couleur : riffs syncopés, production clinique signée Zakk Cervini (BRING ME THE HORIZON, ARCHITECTS et refrain qui vous collent au cortex. Le morceau s’appuie sur une montée dramatique nourrie par les screams bruts de Daniel Pruitt et les lignes mélodiques impeccables de Cullen Moore, créant un contraste aussi efficace que dévastateur.
Le triple visage vocal : force et singularité. L’une des forces indéniables de SLEEP THEORY réside dans son approche tripartite du chant. Moore apporte la clarté pop et la sensibilité émotionnelle, tandis que Pruitt incarne la rage brute. Entre les deux, Vergara assure des appuis plus sombres, presque parlés ou chuchotés, rappelant certains flows de nu metal des années 2000. Ce triangle vocal trouve son apogée sur « III », un morceau abrasif et théâtral où la voix devient vecteur d’un récit quasi cinématographique. Entre mélancolie et agressivité : un équilibre savamment dosé. Le cœur de l’album brille par sa gestion des contrastes. « Fallout » et « Paralyzed » flirtent avec la recette FM (gros refrains, guitares lourdes, ponts émotionnels) tout en évitant le piège du prévisible. Sur « Gravity » et « Afterglow », le groupe ose le dépouillement : piano, ambiances éthérées, textures électroniques discrètes. Mais ne vous y trompez pas : ces respirations ne font que renforcer l’impact des titres plus heavy comme « Parasite », où SLEEP THEORY laisse exploser toute sa frustration dans des breakdowns sauvages.
Des textes viscéraux : la plume du groupe n’est pas en reste. « Words Are Worthless », qui clôture l’album, se lit comme un journal intime désespéré, où le silence devient assourdissant. « Just A Mistake » et « Stuck In My Head » abordent les thèmes de l’anxiété, de la dissociation mentale et du doute existentiel, avec une honnêteté qui évoque les grandes heures d’un Chester Bennington ou d’un Caleb Shomo. Le groupe n’essaie pas de sonner : il l’est, par nécessité.
Production et influences : un patchwork maîtrisé. La patte de Zakk Cervini se fait sentir tout au long de l’album : chaque élément trouve sa place, des chœurs discrets aux nappes synthétiques qui surgissent sans prévenir. SLEEP THEORY s’autorise des clins d’œil assumés à ses aînés (LINKIN PARK, BEARTOOTH, STARSET, I PREVAIL) sans jamais sombrer dans la copie. Ils empruntent, digèrent et recrachent quelque chose de personnel. Et surtout, de pertinent.
« Afterglow » n’est pas juste un bon premier album. C’est un manifeste. Celui d’une génération tiraillée entre la violence du monde et son propre chaos intérieur, qui cherche des exutoires et des repères. SLEEP THEORY pourrait bien devenir l’un de ses portes-voix. Et à en croire cette entrée fracassante, ils n’ont pas l’intention de chuchoter.
Artiste : SLEEP THEORY
Album : Afterglow
Date de sortie : 16 MAI 2025
Label : Epitaph records