
De prime abord, le metal extrême semble très hermétique à toute influence musicale extérieure à ses propres codes. Mais en creusant un peu le sujet, on se rend vite compte qu’un grand nombre de groupes infusent leur musique avec beaucoup d’éléments et cultures autres que le métal pur et dur. Combien de groupes empruntent au Jazz sa façon de composer ? Ou encore combien incorporent des musiques dites traditionnelles à ses compositions ? Bref, bien que pas forcément perceptible pour le tout venant, les musiques extrêmes sont d’une richesse quasiment sans limite et il est dommage que la plupart des amateurs de cette musique ne soit pas autant investi dans la découverte de formations repoussant toujours plus les carcans du style.
Et pour aider dans cette incessante quête, je suis particulièrement content de voir le retour des Conquistadors d’IMPUREZA en ce début de mois de Juillet. Avec son Death Metal mâtiné de Flamenco, les orléanais viennent nous parler du temps des conquêtes ou d’autres grandes périodes historiques de l’Espagne. Après plusieurs démos et splits, le groupe sort en 2010 son premier album “La iglesia del odio” et puis sept ans plus tard sort LE chef d’oeuvre, “La caida de Tonatiuh”. Cet album est une véritable pépite. Le mélange de Death Metal aux relents tech avec le Flamenco fonctionne juste à merveille et est toujours incorporé brillamment. IMPUREZA réussit un véritable tour de force avec ce deuxième album. Et enfin, quelques huit années plus tard sort finalement le troisième album “Alcazares” qui vient nous plonger dans la sombre période de la Reconquista.
La tension se fait progressivement ressentir sur “Verdiales” puis tout s’emballe en un clin d’œil avec “Bajo Las Tizonas De Toledo”. Toute la puissance et la frénésie de la musique d’IMPUREZA nous assaille et nous entraîne dans une aventure que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Ce premier morceau montre à lui seul tout le talent d’écriture. C’est épique, puissant et terriblement efficace. Les passages flamenco sont d’une fluidité totale et s’insèrent parfaitement au reste, c’est époustouflant de maîtrise ! “Covadonga” et “Pestilencia” prennent le relais de façon tout aussi magistrale avec notamment ces chants clairs, typique du Flamenco,qui apportent un côté plus solennel et qui donne encore plus de corps aux morceaux notamment sur “Pestilencia”. Sans crier gare “Reconquistar Al-Andalus” nous prend à la gorge et nous plonge dans l’horreur que fut la reconquête d’Al-Andalus (Espagne sous domination Arabe). “Muralas” vient calmer le jeu avec un morceau purement Flamenco et démontre une nouvelle fois la grande virtuosité des musiciens. Mais le répit n’est que de courte durée. Nous sommes repartis pour une salve tout aussi fantastique que la précédente. “La Orden Del Yelmo Negro” tout particulièrement est juste bluffante. Les parties musicales de folie s’enchaînent comme jamais, l’intégration du Flamenco est d’une fluidité fascinante, les différents chants s’entremêlent prodigieusement et puis cette basse fretless ronronnante qui vient lier le tout, sensationnel ! Mais je pourrais vous redire la même chose pour “Castigos Eclesiaticos” et “El Ejercito De Los Fallecidos De Alarcos” tant c’est tout aussi bon. Un nouveau moment de répit nous est accordé avec le très beau “Ruina Del Alcazar”, puis la “Santa Inquisicion” fait sa grande apparition pour mettre un terme à toute cette folie sonore teintée de blasphème. Nous sommes assaillis de toutes parts par un dernier morceau d’une frénésie et violence totale comme si nous étions soumis à la question.
L’attente fut longue mais finalement récompensée tant ce nouvel album est grand ! On retrouve ce savant mélange que seul IMPUREZA arrive à faire ! Rendre digeste en ne tombant jamais dans le gimmick. IMPUREZA est une nouvelle preuve que la scène française regorge de groupes fantastiques.

Artiste : IMPUREZA
Album : Alcazares
Date de sortie : 11 Juillet 2025
Label : Season of Mist