La dévastation, en héritage : on les croyait presque enterrés. Depuis « Repulsion for Humanity » (2018), le supergroupe SINSAENUM avait disparu dans les limbes du silence, broyé par les drames. Le décès tragique de Joey Jordison (fondateur et batteur emblématique) en 2021, doublé par la perte du père de Frédéric Leclercq, aurait pu sceller l’épitaphe du projet. Et pourtant… « In Devastation », c’est la vengeance froide d’un groupe revenu des enfers. Plus qu’un hommage, c’est une tempête émotionnelle sculptée dans l’acier noir du blackened death. Leclercq, Buriez, Attila Csihar, Sean Zatorsky, Heimoth et le nouveau venu André Joyzi (ancien tech de Jordison, passé au front) signent ici un disque complexe, contrasté et viscéralement honnête.
Black metal, rage et transcendance:
Dès le morceau-titre « In Devastation », le ton est donné : riffs abrasifs, growls possédés, ambiances noires comme la cendre. La machine est relancée sans fioriture, mais avec maîtrise. Ce troisième album ose l’exploration sans perdre son tranchant : mélodies dissonantes, touches orientales, voix claires bien dosées et structures mouvantes s’invitent dans le chaos contrôlé.
« Obsolete and Broken » marque un tournant audacieux, flirtant parfois avec le prog extrême, mêlant rage technologique et introspection mécanique.
Mention spéciale pour « Last Goodbye », ballade mortuaire hantée par la perte de Joey, entre acoustique fantomatique et explosion gutturale un sommet d’intensité émotionnelle.
Le final « Over the Red Wall » conclut dans une tornade de blast-beats et de désespoir, véritable clou noir du cercueil.
Plus qu’un album, un exutoire, « In Devastation » n’est pas parfait, parfois un peu long, parfois trop dense mais il est brûlant de sincérité. Il prouve que SINSAENUM n’était pas un simple side-project opportuniste, mais un monstre à part entière, forgé dans la douleur, affûté par la résilience. On y entend le deuil. On y sent la rage. On y trouve la catharsis. Un retour coup de poing, sombre, poignant et libre. SINSAENUM ne se contente pas de survivre : il revient pour régner sur les cendres.