Chronique – LORNA SHORE « I Feel The Everblack Festering Within Me »

Dès « Prison of Flesh », le sol se fissure : blasts implacables, chœurs funèbres, orchestrations dignes d’une messe noire. Will Ramos hurle comme s’il arrachait les murs de la réalité à mains nues. Le disque se déploie comme une fresque, chaque morceau étant un chapitre d’un livre sacré écrit en sang et en cendres. « Oblivion » érige des cathédrales de sons symphoniques avant de les réduire en gravats sous le poids de breakdowns titanesques. « Unbreakable » se dresse en hymne de résilience, incandescent et fédérateur. Plus loin, « Lionheart » et « War Machine » rugissent comme des machines de guerre, où la brutalité technique n’est jamais gratuite mais sert une narration totale. Et puis il y a « Forevermore » ; clôture écrasante et libératrice, qui résonne comme un requiem cosmique.

Musicalement, le groupe a transcendé les limites du deathcore. Ici, le genre est pulvérisé pour devenir autre chose : une symphonie apocalyptique où le death metal, le black, le classique et le cinématographique s’entrechoquent dans une orgie contrôlée. Les orchestrations ne sont pas des ornements : elles sont l’ossature du disque, donnant à chaque riff une dimension titanesque, presque divine.

Lyricalement, Ramos s’aventure dans les abysses intimes et universelles : la démence, la perte de soi, l’autodestruction, la fin du monde. Jamais les hurlements d’un frontman n’auront semblé si humains dans leur inhumanité. Chaque mot est une plaie ouverte, chaque phrase une confession à vif.