Interview avec JOE STUMP pour la sortie de Days of Thunder !

A l’occasion de la sortie de « Days of Thunder » le dernier album de Joe Stump’s Tower of Babel, déjà disponible. Nous avons rencontré Joe Stump. Dans cette interview, nous explorons ses influences classiques, sa collaboration avec le groupe, et sa vision du futur du hard rock et du metal.
Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pourriez-vous vous présenter et décrire le type de musique que vous jouez ?
Eh bien, ça fait longtemps que je suis dans le métier. Beaucoup de gens me connaissent pour ma carrière solo, qui repose sur des enregistrements instrumentaux très techniques et shred. Ensuite, j’ai joué dans plusieurs groupes comme Reign of Terror, Holy Hell, et je fais partie de Alcatrazz — groupe hard rock/metal — depuis 2019. J’ai donc joué toutes sortes de metal et de rock selon les projets. Pour Days of Thunder, par Joe Stump’s Tower of Babel, on se rapproche davantage du style Deep Purple / Rainbow, mais avec plus de métal et une approche plus agressive, car c’est ce que j’aime faire dans le metal.
Vous dites que Days of Thunder s’inscrit dans le style de Deep Purple ou Rainbow. Est-ce un hommage à ces groupes emblématiques ou plutôt une évolution naturelle de votre son ?
Eh bien, Ritchie Blackmore est l’un de mes héros, voire mon héros numéro un. Je l’écoute depuis que je suis très jeune, et je l’écoute encore tout le temps. Cette musique fait partie de mon ADN, donc son influence ressort dans mon jeu et dans mes compositions, quoi que je fasse. Faire ce genre d’album était donc une démarche naturelle pour moi.
Vous êtes réputé pour votre shred intense sur vos albums solo. Avez-vous abordé Days of Thunder avec une approche différente en termes de jeu de guitare et de technique ?
Je veux dire, je continue de shredder sur cet album, et je shred pas mal avec Alcatrazz, mais je réserve le shredding excessif — le shredding over-the-top — pour mes albums solo, parce que le public pour ça veut entendre ce genre de délires guitaristiques à une vitesse folle. Est-ce que c’est pour tout le monde ? Certainement pas, vous voyez ce que je veux dire ? Disons que c’est un goût acquis. Je ne vais pas dire « vous devez l’écouter, vous allez adorer ». Sur cet album, je fais toujours ce qui sert le mieux le morceau, ce qui sert la musique. Tout ce que je fais sur cet album est au service du titre, et fidèle à l’esprit du disque.
Dans quelle mesure votre formation classique influence-t-elle votre processus de composition ?
J’adore la musique classique : Bach, Vivaldi, Mozart, et surtout Tchaïkovski. À part Bach, c’est l’un de mes favoris. Il écrit de magnifiques mélodies, très sombres et envoûtantes — ce que j’utilise souvent dans ma musique. Je suis aussi professeur au Berklee College of Music, donc je connais très bien l’harmonie classique et la relation entre échelles et accords. Suis‑je un expert de tous les domaines de la musique classique ? Non. J’ai mes compositeurs classiques préférés — baroque et romantique — mais je mise sur mes connaissances. Je ne suis pas penché sur une approche purement théorique. Le savoir est en moi et la musique me guide. Je joue tout le temps : je suis assis, je joue des trucs techniques, et soudain je tombe sur un riff ou une section néoclassique façon baroque. Je ne sais jamais où ça va mener, et au final ça atterrit sur un de mes albums — que ce soit Alcatrazz, Tower of Babel ou solo.
Quand j’écris, ce n’est pas comme si je disais « il est temps d’écrire une chanson ». Je m’installe et joue, et les idées viennent naturellement. Je n’écris pas d’abord les accords et puis je cherche la mélodie. J’écris toujours la mélodie en premier — pas que je me compare aux génies classiques — puis la progression harmonique s’en suit. Au final, tout résonne naturellement. Je joue, et quelque chose surgit.
Comment avez-vous trouvé l’équilibre entre votre héritage musical et votre propre originalité ?
Vous pouvez essayer de copier quelqu’un, mais quoi que je fasse, je sonnerai toujours comme moi. Et que signifie « sonner comme Joe Stump » ? Imaginez une version plus sombre, plus agressive du mélange Ritchie Blackmore et Yngwie Malmsteen. C’est un peu mon créneau.
Bien qu’on puisse entendre des influences Rainbow ou (Deep) Purple, ma démarche est plus metal — plus dure, plus extrême — pas un retour direct au son des années 70.
En quoi ces nouveaux morceaux diffèrent-ils de vos précédents albums ? Votre son guitare est-il plus hard rock ?
Le premier album de Tower of Babel, Lake of Fire, était assez influencé par Rainbow, mais contenait aussi des éléments de power metal européen. Cet album joue plus sur l’équilibre hard rock — c’était volontaire. Mon son de guitare est plus old‑school hard rock, même si je joue de façon agressive. Ce n’est pas le son ultra metal qu’on retrouve sur mes albums solo ou avec Alcatrazz. J’avais vraiment une direction particulière pour ce projet.
Des titres comme «Alone in the Desert» ou «The Princess» offrent des solos explosives et des ambiances variées. Que cherchiez-vous à exprimer dans chacun ?
«Alone in the Desert» s’inscrit dans l’esprit des anciens classiques de Rainbow, avec un parfum de Gates of Babylon ou Stargazer. Les riffs et les couplets pourraient presque rappeler l’époque de Whitesnake avec Coverdale et John Sykes — même si ce n’est pas vraiment une influence directe pour moi. J’admire beaucoup John Sykes, mais ici, j’ai voulu retrouver cette vibe lourde des années 70 avec un parfum oriental prononcé.
Quant à «The Princess», c’est plus rapide, un côté bluesy, suivi d’un solo qui emprunte à la néoclassique avec cette touche Deep Purple ultra rapide.
Quel a été le processus de collaboration avec le reste du groupe sur Days of Thunder ?
J’ai écrit toute la musique et les chansons étaient quasiment terminées, mais Jo Amore a écrit toutes les paroles et les lignes mélodiques. Mark Cross l’a aussi aidé — ils ont enregistré les voix dans le studio de Mark en Grèce.
Avec les musiciens, je leur ai donné la liberté de faire leur truc. Ils savent exactement quoi jouer sur chaque chanson, et je leur fais confiance. Ils interprètent la musique parfaitement — et ils font tous un excellent boulot. Travailler avec des musiciens aussi brillants tout en leur donnant cette liberté est un vrai plaisir.
L’ambiance est super : ce ne sont pas seulement de grands musiciens, mais ce sont aussi de super gars. Donc c’est vraiment agréable.
Que souhaitez-vous que les auditeurs ressentent lorsqu’ils écoutent l’album de bout en bout ?
Cet album, c’est comme une time machine. Ça vous ramène à une époque où le sens musical et la technique comptaient vraiment — et ça sonne dans l’esprit des grands groupes qui ont façonné le hard rock tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Est-ce une copie ? Non. Est-ce un hommage ? Oui, en partie. Mais la musique reste très personnelle. Peut-on entendre mes influences ? Oui, car cette musique fait partie de moi, donc l’album est sincère. J’espère que les gens le ressentent.
Peut-être que des auditeurs plus jeunes découvriront un style de hard rock et de metal qu’ils ne connaissent pas, parce qu’ils écoutent des choses plus modernes. Et les fans plus anciens — ils seront nostalgiques, comme s’ils étaient au Hammersmith Odeon en 1977 à regarder Rainbow avec Dio et Blackmore.
Je pense que ça exposera des nouveaux fans, et satisfera les anciens — car Richie Blackmore a 80 ans maintenant, il ne va plus faire ce genre de disque. Quelqu’un doit le faire — donc autant que ce soit moi.
Voyez-vous une nouvelle génération de guitaristes perpétuer l’héritage du metal technique et néoclassique ?
Les jeunes joueurs… Eh bien, comme je suis professeur à Berklee College of Music — je suis le spécialiste metal de la guitare — je suis en contact avec tous les groupes que les jeunes aiment. Ça couvre tout le panel.
J’ai tout entendu — du death technique au djent progressif. Est-ce que j’écoute tout ? Non. Mais il n’y a pas grand-chose dans le metal que je n’aie pas déjà entendu.
J’encourage toujours les jeunes à faire ce qu’ils aiment. La guitare technique fera toujours partie du metal. Vous pouvez la placer dans des contextes différents, mais ces techniques anciennes sont toujours très présentes.
Et après Days of Thunder ? De futurs projets avec Tower of Babel ou Alcatrazz ?
J’ai des tournées avec Alcatrazz cet automne. On prépare un nouvel album studio pour l’année prochaine. Tower of Babel va aussi faire des concerts.
J’ai quelques dates avec Alcatrazz et Mistheria — le claviériste qui joue aussi avec le groupe de Bruce Dickinson. Projet intéressant.
On est tous assez occupés, mais une fois les emplois du temps libérés, Tower of Babel partira en tournée. Je viens aussi de finir un nouvel album solo, et Alcatrazz a une sortie prévue vers la fin de l’année.
Beaucoup de choses en chantier. Comme je dis souvent : business as usual.
Un message pour vos fans et les lecteurs de Metal Rock Magazine ?
À ceux qui ne connaissent pas encore mon travail : si vous aimez la guitare, vous aimerez probablement ma musique. Je vous encourage à découvrir mes autres albums. Pour les nouveaux fans qui me découvrent : écoutez le nouvel album de Joe Stump’s Tower of Babel. Une super maîtrise musicale, de bons morceaux.
Et un grand merci à ceux qui me suivent depuis des décennies. Je vous suis vraiment reconnaissant.