Live Report ABORTED + CRYPTA + THE ZENITH PASSAGE + ORGANECTOMY – 27/04/2025 – La Machine Du Moulin Rouge – Paris

Enzo Cirillo, photographe et journaliste était à la machine pour immortaliser cette soirée !
ORGANECTOMY
C’est ORGANECTOMY qui a ouvert le bal et honnêtement, difficile de rêver meilleure entrée en matière pour une soirée placée sous le signe de la violence. Je ne vais pas mentir : je m’attendais à quelque chose de massif mais les Néo-Zélandais ont littéralement dévasté la Machine du Moulin Rouge dès les premières minutes. Leur brutal death/slam à la fois ultra lourd mais performé avec une précision presque clinique, nous est tombé dessus sans prévenir.
Dès les premiers riffs, on a senti la fosse exploser. La basse et les guitares déversaient des torrents de riffs caverneux et groovy à souhait. Alex Paul, le frontman, dégageait une énergie brute. Il n’avait pas besoin d’en faire des tonnes : un regard, une main levée et la salle plongeait tête la première dans les moshpit. Moi-même, pris par l’efficacité des riffs et des breakdowns monstrueux, il était impossible de se retenir de headbang à s’en décrocher la tête.
Il y avait quelque chose de presque tribal dans leur approche : une brutalité primaire, qui parlait directement au corps avant même de passer par l’esprit. Pas besoin d’être un expert du genre pour sentir l’impact physique de leur musique qui vous secoue littéralement les tripes. Et, au-delà de la violence sonore, ce qui m’a marqué, c’est leur sourire entre les morceaux. Ce contraste, entre la lourdeur de leur set et leur plaisir évident d’être là de jouer devant un public qui leur rendait bien.
En quittant la scène, ORGANECTOMY laissait une salle déjà essorée mais en forme pour la suite. Pour une première partie, c’était une véritable tarte et je savais déjà qu’on tenait là une soirée où il allait falloir s’accrocher physiquement.
THE ZENITH PASSAGE
Après le rouleau compresseur qu’est ORGANECTOMY, THE ZENITH PASSAGE a prit un virage radical. Dès les premières notes, j’ai senti qu’on changeait de terrain : pas question de slam brutal mais d’un death metal technique, élégant mais injouable. Les Californiens ont déroulé un set d’une précision spectaculaire, où chaque riff semblait taillé pour nous perdre dans le rythme mais qui étaient suivi par des redoutables breakdown sortis de nulle part.
Ce qui m’a frappé, c’est à quel point leur musique semblait flotter, presque cosmique, malgré la violence présente. Difficile de ne pas se laisser hypnotiser par les lignes de tapping et les rythmiques complexes. La fosse s’est évidemment calmée d’elle-même, personnellement, j’étais scotché, fasciné par le jeu des guitaristes qui semblaient converser dans un langage codé.
Ce set n’était pas celui qui allait déclencher le plus de mosh mais il a suspendu le temps. Une sorte de respiration au milieu du chaos, qui m’a autant surpris que captivé. Un équilibre subtil et franchement, une belle claque d’un autre genre.
On a perçu le sentiment de reconnaissance des membres du groupe envers le public parisien (qui a su leur rendre la pareille) et qui ne manqueront pas de chaudement nous remercier car il s’agit de leur tout premier concert dans la capitale.
Quand CRYPTA est monté sur scène, j’ai tout de suite senti que quelque chose de spécial allait se passer, on sentait la tension monter et qu’une bonne partie du public était venu pour ce groupe. Dès que Fernanda Lira est arrivée devant son micro et a lancé son premier growl, la salle entière a vibré d’un coup. Leur death metal, imprégné de thrash nerveux, de quelques sonorités qu’on pourrait associer au black, a immédiatement réveillé tout le monde.
Ce qui m’a vraiment happé, c’est l’alchimie entre les quatre musiciennes. On sentait qu’elles jouaient ensemble avec une vraie rage maîtrisée et qu’elles étaient heureuses d’être là, un mélange de détermination et de plaisir. Les riffs, de Tainá Bergamaschi alliée à Helena Nagagata ( qui remplace Jessica Di Falchi dû à son départ récent du groupe ), étaient aussi tranchants qu’efficaces et le jeu brutal de Luana Dametto exécuté avec une régularité presque inhumaine, impossible de rester immobile, la nuque suivait toute seule. Fernanda, de son côté, motivait sans cesse le public, avec un sourire qui montrait clairement qu’elle savourait chaque seconde.
Une vraie communion s’est créée dans le public, avec des mosh ultra violents, des cris, des poings levés… Paris leur déroulait littéralement le tapis rouge. De mon côté, j’avais presque oublié que ce n’était qu’une première partie tant leur présence scénique était puissante. Elles ont aligné les titres, qui commencent à être reprit par les fans, et à la fin de leur set, je me suis dit qu’on venait de voir un groupe qui avait définitivement franchi un cap. Crypta n’est plus une simple promesse : c’est une valeur sûre et ce soir-là, elles l’ont prouvé à chaque note.
A noter le capital sympathie des filles (qui ne fait pas d’ombre à leur talent) et leur présence scénique remarquable ; elles deviennent au fur et à mesure des incontournables du death metal !
ABORTED
Quand ABORTED est enfin monté sur scène, on a senti la température grimper d’un cran, malgré un sentiment de vide dans la fosse, sûrement dû au départ des personne venu uniquement pour voir Crypta. L’attente avait été longue, la tension était palpable mais dès que les premières notes ont retenti, c’était comme si on avait ouvert les vannes de l’enfer. La Machine du Moulin Rouge s’est mise à trembler. De là où j’étais, je voyais la fosse s’ouvrir comme un cratère prêt à avaler tout le monde.
Sven De Caluwé, fidèle à sa réputation, a déboulé sur scène comme un chef de guerre sûr de son armée. Son regard balayait la foule avec un mélange d’amusement et de détermination, et dès son premier growl, j’ai senti mes tripes vibrer. Impossible de ne pas être happé : sa voix, c’est du béton armé. À chaque titre, il motivait le public avec ce sourire qu’on lui connaît et franchement, ça fait plaisir. Ça donnait envie de tout lâcher, de se jeter dans le pit, de hurler à s’en arracher la gorge.
Musicalement, c’était un rouleau compresseur millimétré, sentiment qui était exacerbé ce soir-là dû à la présence du seul et unique Kevin Paradis ( BENIGHTED, NE OBLIVISCARIS… ) qui à remplacé au pied levé Ken Bedene derrière les fûts ( Sven ne manquera d’ailleurs pas de saluer sa performance d’avoir appris le set à la perfection en à peine 3 jours ). J’avais l’impression que chaque coup de caisse claire m’arrivait directement en pleine tête. Ce qui m’a marqué aussi, c’est à quel point tout sonnait juste : autant sur la qualité du son des guitares que sur la brutalité mais rien n’était brouillon. On sent que les mecs ont des années de scène dans les pattes : ça joue serré, propre, sans pour autant perdre une once de violence.
Dans la fosse, c’était l’apocalypse ! Les pogos, les slams, les circle pits… je ne sais pas combien de fois j’ai dû esquiver un coude ou rattraper quelqu’un qui passait au-dessus. J’ai aussi pris un moment pour simplement regarder autour de moi : des sourires, des visages en sueur, des gens qui se relevaient et se tapaient dans la main…
Quand le set s’est terminé, après plus d’une heure d’assaut non-stop, le public s’est retrouvé lessivé mais le sourire jusqu’aux oreilles. ABORTED ce soir-là, c’était une masterclass. Pas juste un bon concert : une démonstration de force, de passion et surtout une immense célébration partagée avec le public. J’ai quitté la salle avec les oreilles qui sifflaient, le t-shirt trempé et la certitude d’avoir vécu une soirée qu’on n’oubliera pas de sitôt.