Live Report MOTOCULTOR – Jour 3 – 16/08/2025 – Carhaix


Enzo Cirillo et Ophélie Griffin, Rédacteurs et photographes pour Metal Rock Magazine, étaient sur place pour immortaliser cette troisième journée du festival !
HEXECUTOR
Il est 13h30 quand HEXECUTOR monte sur la Supositor Stage, et d’un coup, l’après-midi prend une toute autre allure. Les Rennais balancent leur thrash sans fioritures avec une précision chirurgicale : riffs mitraillettes, solos acérés et une batterie qui ne lâche rien.
Le public, encore en train de se remettre de la veille, n’a pas le choix : la fosse s’anime, les têtes se mettent à tourner et l’énergie grimpe en flèche, morceau après morceau. L’attitude du groupe est directe, sans discours superflu, mais avec une conviction qui fait plaisir à voir.
En moins d’une heure, HEXECUTOR a rappelé pourquoi il reste l’un des porte-étendards du thrash français : un concert tendu, efficace et parfait pour lancer la journée du samedi sur les chapeaux de roue.
HIRAES
On commence la journée par le groupe de death metal HIRAES venu tout droit d’Allemagne. Mathias Blässe, leur batteur, s’est blessé avant leur venue au MOTOCULTOR et donc remplacé (au pied levé !) par Pierce Williams du groupe SKELETAL REMAINS, qui passe 2 heures après sur la même scène.
Britta Görtz mène la prestation, oscillant entre voix gutturale et voix claire.
C’est un énorme coup de cœur de mon côté et au vu de la poussière dégagée dans le pit, le public partage mon avis. Britta n’hésite pas à se jeter elle-même dans la tornade poussière pour changer au milieu du pit, le temps du titre “We Owe No One”, issu du dernier opus du groupe « Dormant » (2024).
LOUDBLAST
Un peu plus tard dans la journée, c’est au tour de LOUDBLAST de faire trembler la Supositor Stage. Les pionniers du death/thrash français débarquent avec l’assurance de ceux qui n’ont plus rien à prouver et balancent un set massif, bourré de classiques qui font immédiatement réagir la foule.
Stéphane Buriez, fidèle capitaine du navire, mène les hostilités avec le sourire carnassier qu’on lui connaît, alternant riffs écrasants et interactions complices avec le public. L’ambiance monte d’un cran à chaque morceau et les circle pits se multiplient jusqu’à transformer la fosse en véritable tourbillon.
Une fois de plus, LOUDBLAST rappelle qu’il reste une valeur sûre de la scène extrême française : précis, puissant et fédérateur. Un concert qui a marqué le cœur de l’après-midi et laissé le public prêt à en découdre pour le reste de la journée.
SKELETAL REMAINS
SKELETAL REMAINS prend possession de la Supositor Stage et d’un coup, on oublie la fatigue de la veille. Leur death metal à l’ancienne bien lourd, avec ce son crade mais tranchant qui sent bon les années 90.
Dès les premières notes, ça headbang de partout et les premiers circle pits s’ouvrent. Le groupe ne parle pas beaucoup, mais leur énergie suffit à embarquer tout le monde. Chaque morceau tombe comme un coup de massue et on se surprend à sourire en voyant la fosse se transformer en un joyeux chaos.
Au bout de trois quarts d’heure, on ressort rincés mais heureux : SKELETAL REMAINS a livré un concert intense, brut et terriblement efficace. Un vrai shoot de death metal, parfait pour relancer l’après-midi et remettre tout le monde sur pied.
poesie zero
Un véritable concours de poussière s’est improvisé sur le festival et POESIE ZERO a logiquement pris part à la compétition. Clairement, ce concert n’a pas été de tout repos pour la sécurité au vu du flot de slammeurs quasi continu. Il sera difficile de voir la scène depuis le fond avec la poussière dégagée.
Bien sûr qu’on a envie de se faire insulter en ce samedi du mois d’août même si je suis un peu déçue que les insultes n’aient pas autant fusées que d’habitude ! C’EST NUL !
ENFORCER
Quand ENFORCER débarque sur la Supositor Stage, le ciel commence à se couvrir, mais ça ne refroidit personne. Les Suédois balancent leur heavy/speed metal avec une énergie qui ferait rougir des groupes deux fois plus jeunes.
Dès les premières notes, le public accroche : ça chante, ça lève le poing et les refrains sont repris en chœur. Les musiciens, visiblement ravis d’être là, se donnent à fond, arpentant la scène en permanence et distribuant des sourires complices aux premiers rangs.
Le set passe à toute vitesse, porté par des solos de fou furieux et une bonne humeur communicative. Quand arrive le dernier morceau, on a presque l’impression d’avoir vécu une grande fête heavy metal plus qu’un simple concert. Un moment fédérateur et terriblement rafraîchissant au cœur de la journée.
PELICAN
Petite incursion sous le chapiteau pour le groupe instrumental de Chicago, PELICAN. Le groupe a offert une performance hypnotique et puissante, plongeant le public dans un océan de riffs lourds.
Malgré l’absence de chant, mais avec une intensité palpable, ils ont tissé un set oscillant entre lourdeur doom et envolées atmosphériques, en offrant une place de choix à leur dernier album, ‘Flickering Resonance’ (2025).
ENSLAVED
On est en pleine golden hour quand ENSLAVED monte sur la Dave Mustage et d’un coup, l’ambiance devient presque mystique. Les Norvégiens déroulent un set d’une intensité incroyable, mêlant passages atmosphériques et explosions black metal avec une fluidité qu’on ne sent pas arriver.
La foule, hypnotisée, oscille entre headbang et contemplation silencieuse. Chaque morceau semble raconter une histoire, porté par un son cristallin et des musiciens totalement habités. Grutle Kjellson, charismatique, communique peu mais capte l’attention du public d’un simple regard.
Le temps passe à une vitesse folle et quand les dernières notes disparaissent, on reste un moment plantés là, un peu sonnés, comme si le concert nous avait transportés ailleurs. ENSLAVED a offert bien plus qu’un show : une expérience immersive, à la fois brutale et spirituelle.
PALEFACE SWISS
Oh, que j’étais contente de revoir PALEFACE SWISS au MOTOCULTOR, après la sortie de leur incroyable album ‘Cursed’ en début d’année.
Les suisses ne sont pas là pour distribuer des tablettes de chocolat (désolée, c’était facile) mais pour nous mettre une grosse marrade dans la tête ! Mission réussie.
Malgré la férocité déployée sur scène, le kiff de jouer est évident. On va juste oublier les surexcitées présentes à la barrière (sérieusement là, qu’on leur jette un sceau d’eau) hurlant devant en présence de Marc Zellweger et Cassiano Toma.
Le groupe enchaîne en saluant leurs amis de LANDMVRKS, attendus sur scène le lendemain, et rappelle qu’ils assureront leur première partie au Zénith de Paris en janvier prochain. Un rendez-vous immanquable !
LES WAMPAS
Un concert des WAMPAS, c’est toujours une expérience. Certes, les ingrédients sont toujours identiques, la recette bien connue mais le résultat final peut réserver quelques surprises et ce, grâce évidemment à l’imprévisible Didier Wampas.
Lors du HELLFEST 2024, il avait fini au bar présent au fond de la Warzone. Aujourd’hui, au MOTOCULTOR, après avoir parcouru la foule assis sur son siège en plastique, il finira sa course au stand PMR.
A vrai dire, que puis-je écrire de plus, un concert des WAMPAS, ça ne peut pas se raconter à l’écrit, ça se vit en live.
DARK ANGEL
La nuit est tombée quand DARK ANGEL fait son entrée sur la Suppositor stage. Et dès les premières notes, le public sait qu’il va assister à quelque chose de spécial. Car derrière les fûts, c’est bien Gene Hoglan en personne, l’un des batteurs les plus respectés de la scène metal, qui donne le tempo. Sa frappe puissante et millimétrée propulse le set à une vitesse folle et donne toute son ampleur à ces hymnes thrash intemporels.
Le groupe enchaîne les banger sans respirer et l’ambiance monte encore d’un cran lorsque Ron Rinehart prend un moment pour évoquer Jim Durkin, membre fondateur disparu en 2023. Quelques mots sobres mais sincères, suivis d’un morceau dédié à sa mémoire, qui touchent le public. Un instant suspendu avant que le thrash ne reprenne ses droits et que la fosse ne s’embrase de plus belle.
Ce concert de DARK ANGEL restera comme un des grands moments du week-end : à la fois une célébration de leur héritage et un hommage émouvant à leur camarade disparu. Le tout porté par une énergie brute et un Gene Hoglan impérial, qui a donné à chaque titre une puissance décuplée.
TRIVIUM
C’est sur le morceau instrumental « The End of Everything » issu de l’album ‘Ascendancy’, sorti 20 ans plus tôt, qu’entre la tête d’affiche de ce troisième jour : TRIVIUM.
Matt Heafy ne se ménage pas sur scène, il la parcourt de bout en bout guitare à la main en reprenant à peine sous souffle. Ses rares pauses — ou poses ? — servent principalement à nous dévoiler sa langue.
Le groupe entame une reprise de « Master of Puppets » de METALLICA en milieu de set avant un interlude porté par un solo de batterie de Alex Bent.
TRIVIUM peut se targuer d’offrir au public du MOTOCULTOR une superbe scénographie portée par une énergie scénique palpable. Le plaisir de jouer ce soir est évident et le groupe entend bien le partager pleinement avec ses fans. Une véritable communion s’installe.
A l’occasion de la sortie prochaine de l’EP « Struck Dead » (prévu le 31 octobre 2025), le groupe dévoile leur nouveau titre « Bury Me with my Screams », qui ravira les fans de la première heure avec ce retour aux sources du groupe, d’autant plus que la composition du morceau s’est faite en parallèle de la célébration des 20 ans d’‘Ascendancy’, dont l’influence se fait clairement ressentir. De quoi faire patienter les fans avant un futur nouvel album.
Après un « The Sin and the sentence » endiablé, le groupe quitte la scène sur « Heaven and Hell » en hommage à BLACK SABBATH.
BATUSHKA
Il fait maintenant nuit noire quand BATUSHKA fait régner son atmosphère si particulière sur la Supositor Stage. La scène se transforme en véritable autel, encens, cierges, cercueil et icônes orthodoxes plantant immédiatement le décor. Les premières notes résonnent comme une litanie et le public se tait presque par respect.
Le set s’ouvre sur une longue introduction plongeant instantanément le festival dans une ambiance mystique. Les morceaux s’enchaînent comme un office, alternant passages lents et pesants, puis explosions black metal plus violentes qui réveillent les festivaliers les plus fatigués. La voix grave et solennelle du frontman résonne sur tout le site, donnant l’impression d’assister à une cérémonie plus qu’à un simple concert.
Le contraste entre le calme presque religieux des intermèdes et la violence pure des riffs crée une tension captivante. Les fans de la première heure, regroupés au premier rang, vivent l’instant pleinement, yeux fermés, absorbés par l’expérience. En clôture, le dernier morceau retombe dans un silence solennel, laissant l’audience comme hypnotisée avant d’exploser en applaudissements.
Un concert à part, intense et théâtral, qui a offert une conclusion mystique à cette journée déjà bien remplie.
CULT OF LUNA
C’est encore une magnifique lune rousse qui éclaire le festival en cette soirée et qui me guide une nouvelle fois sous le chapiteau pour CULT OF LUNA, qui n’aura jamais aussi bien porté son nom.
Il règne une atmosphère très particulière, comme toujours pour les concerts du groupe suédois, mais l’on sent une pesanteur supplémentaire ce soir. Pour cause, plusieurs membres du groupe sont souffrants et nous avons évité de justesse l’annulation. Le bassiste Andreas Johansson jouera même l’intégralité du concert assis. Mais l’ensemble des membres est bien présent sur scène, enveloppé d’une pénombre plus marquée et animé par une rage presque furieuse.
Le public est en transe et chose rare aujourd’hui : presque aucun téléphone n’est levé, pour préserver la communion qui s’opère entre CULT OF LUNA et les spectateurs.
Un moment si intense qu’il sera difficile de s’extraire des brumes lorsque résonnent les dernières notes de “Blood Upon Stone”.
KRAV BOCA
Ma dernière expérience avec KRAV BOCA, fut mouvementée : sous l’enthousiasme des pogos autour de moi, un coup dans l’œil gauche coupera court à mon concert. Plus de peur que de mal ! Aucune rancune vis-à-vis du groupe toulousain, je me réjouis de les revoir en clôture de ce troisième jour du MOTOCULTOR.
Je découvre avec plaisir que ce soir, il sera possible au groupe de déployer l’intégralité de leur performance : les costumes et le show pyrotechnique seront enrichis par un spectacle aérien.
« Craquer l’allumette, Pour un ciel étoilé, Fédération mortier” – tu l’auras compris, les textes de KRAV BOCA sont fiévreux et une boule d’énergie déferle sur le public de la Bruce Dickinscène. La rage scénique avec le feu, les étincelles, les cris. Puis la douceur de la voltige baignée d’une gerbe d’étoiles filantes.
Pas question pour le public d’être simple spectateur, c’est un membre à part entière, invité à perpétuer à une tradition grecque de lancer de gobelets et à embraser la scène avec des fumigènes.
Une fin de samedi soir très sportive !