Live Report MOTOCULTOR – Jour 1 – 14/08/2025 – Carhaix

Enzo Cirillo et Ophélie Griffin, Rédacteurs et photographes pour Metal Rock Magazine, étaient sur place pour immortaliser cette première journée du festival !
DOGMA
C’est sur la musique emblématique du film “Requiem for a Dream” qu’arrivent les cinq membres composant le groupe entièrement féminin américain de rock metal symphonique mélodique DOGMA. Le groupe brouille les pistes derrière leur costume de religieuses, comme l’affirme leur présentation sur les réseaux : “DOGMA is what you want it to be. A cult, a sect, a secret society, a band, a musical, a documentary… You decide what we are. We demand only one thing: to be part of your new life.”
La comparaison avec GHOST arrive très rapidement, dans un style plus déviant abrogeant toutes les contraintes, avec une identité cachée derrière des noms de personnages issus de diverses mythologies : Lilith au chant, Lamia et Rusalka à la guitare, Nixe à la basse et Abrahel à la batterie. Ainsi, au fil des années, le line-up a constamment évolué.
L’univers est bien installé et si l’alchimie semble opérer entre toutes les composantes du groupe, le niveau vocal n’est pas à la hauteur de l’énergie déployée par les autres musiciennes, notamment la bassiste qui est clairement impressionnante sur scène. Cette faiblesse au niveau chant nous empêche d’apprécier pleinement les titres joués, même quand on arrive à la reprise du titre “Like a Prayer” de MADONNA. Une petite déception donc de mon côté.
VERSATILE
En plein après-midi, VERSATILE investit la Supositor Stage avec son black metal industriel aussi glacial que martial. Le set pioche largement dans « Les Litanies du Vide », avec des titres comme « Enfant Zéro », « La Régente Blême » ou encore « Monstre », qui claquent comme des coups de boutoir.
L’ambiance est renforcée par deux performeuses armées de lances-flammes, qui ponctuent les passages les plus intenses de gerbes de feu. Un gimmick impressionnant, même si l’effet perd un peu de sa force sous la lumière du jour.
Musicalement, c’est sans concession : riffs mécaniques, batterie implacable, chant incantatoire. L’univers de VERSATILE divise, mais ne laisse personne indifférent. En plein soleil, le rituel perd un peu de son aura, mais l’intensité brute du groupe suffit à marquer les esprits.
HELLDEBERT
En ce début de festival, je vais faire un yo-yo niveau ambiance : après les religieuses déviantes, je rejoins un public très familial pour HELLDEBERT, le pendant metal d’ALDEBERT, pour son tour “Enfantillages 666”. Aujourd’hui, pour accompagner l’artiste pour cette première participation à un festival metal dans la programmation officielle, on trouve Nicolas Bastos à la batterie, Nicolas Alberny (GOROD) à la guitare, Christophe Darlot au clavier et Hubert Harel à la basse.
Les enfants sont massés à la barrière ou sur les épaules de leurs parents, mais je ne serai pas dire qui des enfants ou des parents kiffent le plus le concert, surtout quand HELLDEBERT vient au plus près du public en grimpant sur la barrière.
Après le duo virtuel avec Johan Hegg d’AMON AMARTH sur le titre “Les Derniers Pirates”, HELLDEBERT raconte l’anecdote sur l’enregistrement du titre “Le Cartel des Cartables” sur le thème du harcèlement scolaire. L’enregistrement devait avoir lieu à Boston avec Max Cavalera et son fils Igor Amadeus à la suite de leur concert mais ce dernier a été annulé pour cause de tempête de neige. Malgré tout, la rencontre a pu se faire au final dans une chambre d’hôtel. Et c’est cette superbe histoire que l’artiste a la fierté d’accueillir sur scène Max Cavalera, pour le plus grand plaisir du public. Il faut dire que Max Cavalera jouait quelques heures plus tard avec son groupe NAILBOMB, l’occasion était parfaite.
Le concert se termine après avoir fait slammer Mamie Claudie sur le titre “Super Mamie”, parents et enfants sont totalement conquis.
GUTALAX
Univers parallèle pendant que HELLDEBERT joue la Dave Mustage : ambiance GUTALAX à coup de concours de saut en corde à sauter fait en papier toilette en attendant le début du concert. Je ne vais pas le cacher, je ne suis pas une grande fan de grind et je doutais pouvoir rester plus de 10 minutes. Ce qui m’intéressait surtout, c’était de voir le concert de loin et de profiter de l’ambiance, entre balais à chiotte et jeté de PQ.
Le groupe arrive sur scène sur la BO de Ghostbusters : “We are from Czech Republic, we like Disco and we like to dance. Ok it’s hot but it’s fucking summer. Dance with us !”. Et c’est parti pour 45 minutes de show complètement barré – parce que oui, au final, on est resté jusqu’au bout ! Je pensais que ça serait juste con, mais non en fait c’est drôle et mignon ! Le plaisir d’être sur scène est parfaitement communicatif, pour célébrer avec le public les 15 ans d’existence de “ce truc stupide”. Avec GUTALAX, pas de Wall of Death mais un Wall of Shit sur le titre “Diarrhero” !
Une bonne surprise et une bonne dose de marrade entre ami.e.s !
ME AND THAT MAN
En début de soirée, Nergal (BEHEMOTH) débarque avec « Me And That Man » et propose une respiration sombre mais fédératrice. Le set s’ouvre sur “Run With the Devil” et “My Church Is Black”, parfait pour poser cette ambiance de folk/blues gothique qui contraste joliment avec le reste de la programmation.
Le public, d’abord curieux, se laisse vite embarquer par des hymnes comme “On the Road” ou “Burning Churches”, qui déclenchent même quelques refrains repris en chœur. Fidèle à lui-même, Nergal glisse des clins d’œil metal avec une reprise de VENOM – “Black Metal” et un “Paranoid” façon SABBATH, toujours avec ce ton ironique et blasphématoire qui fait mouche.
Pas de grandes artifices visuels ici : la force réside dans le groove, l’énergie et le charisme du frontman. Résultat : un show chaleureux, accessible et fédérateur, qui transforme l’apéro du Motocultor en un rituel crépusculaire parfaitement réussi.
TESSERACT
La température commence enfin à tomber lorsque débute le concert des britanniques après un passage très remarqué au Forum de Vauréal au début de l’année.
C’est un show bien construit et efficace qui s’offre à nous. La setlist fait la part belle de l’album ‘Sonder’, le quatrième opus de TESSERACT sorti en 2018.
Je note une belle mise en retrait de la part de Daniel Tompkins à de nombreuses reprises pendant le show avant de laisser briller les autres musiciens. C’est appréciable !
NAILBOMB
À la tombée du jour, NAILBOMB fait rugir la Supositor Stage et plonge le Motocultor dans un déluge de rage pure. Max Cavalera et sa troupe balancent un set sans concession, presque intégralement centré sur « Point Blank », et l’effet est immédiat : chaque riff est une gifle, chaque sample résonne comme une alarme de fin du monde.
La scèno est simple, le son brut, l’ambiance suffocante. Pas besoin d’artifices quand la musique se suffit à elle-même pour mettre la foule en ébullition. Les premiers rangs se transforment en champ de bataille, les circle pits tournent non stop et le public hurle de toutes ses forces.
En une heure à peine, NAILBOMB a livré un concert sec, nerveux, qui a laissé tout le monde KO debout. Un moment rare et intense, digne de la légende culte du projet.
ne obliviscaris
Je découvre pour la première fois le chapiteau du festival, la Massey Ferguscène, pour le groupe australien de metal progressif NE OBLIVISCARIS, qui semble visiblement ravi d’être présent après une très mauvaise journée visiblement due à des problèmes avant le concert.
Après le départ du chanteur Marc “Xenoyr” Campbell en début d’année, on retrouve désormais sur scène James Dorton pour les parties gutturales. Je n’ai jamais vu NE OBLIVISCARIS avant ce soir, je ne peux donc pas juger de la performance de Xenoyr, mais je suis impressionnée par la prestance de James. Une belle alchimie opère entre tous les membres du groupe et je suis happée assez rapidement par l’univers de NE O, qui mêle death, black et mélodique avec l’apport du violon joué par Tim Charles.
Une belle découverte que j’aurais le plaisir de revoir sur scène en première partie d’IMMINENCE à Paris en décembre prochain.
KATAKLYSM
KATAKLYSM débarque en fin de journée, dans une ambiance parfaite pour exploser les tympans. Emmenés par le charismatique Maurizio Iacono, les vétérans du death metal canadien livrent un show hyper dense, dominé par leur énergie redoutable et la puissance d’un son calibré pour les mosh.
Sans setlist officielle disponible, on peut raisonnablement imaginer un passage axé sur leurs hits live récents comme « Goliath », « Underneath the Scars« ou « Guillotine ». Des morceaux taillés pour fédérer la foule avec riffs tranchants et breaks des plus efficaces. Le public, en plein feu de nuit, répond visiblement présent : circle pit, headbang en rythme avec les palm mute, un moment death metal pur jus.
Pas de fioritures visuelles ici : KATAKLYSM mise sur l’efficacité brute, la communion rythmique et l’impact. Ce concert aura fait vibrer la Supositor comme personne en cette première journée
Magma
Après une pause bienvenue, je retrouve le chapiteau pour les vétérans français de MAGMA. A vrai dire, je ne pense pas que le lieu soit le plus approprié pour apprécier toute l’ampleur du groupe – à titre personnel, j’aurais du mal à rentrer dedans. La scène est trop étriquée pour profiter pleinement de la richesse de l’ensemble des nombreux.ses musicien.ne.s sur scène, et si les personnes du premier rang semblent totalement planer, il me manque le confort d’un fauteuil d’une petite salle pour me laisser embarquer. Car je suis persuadée qu’avec de telles conditions, j’aurais parfaitement trouvé mon bonheur ! Mais ce n’est que partie remise.
I PREVAIL
Une énorme ambiance accueille la tête d’affiche du jour. C’est une performance bien rodée, à l’américaine, que nous offre ce soir I PREVAIL. Encore un groupe avec un changement de line-up en mai dernier, avec le départ de Brian Burkheiser au chant clair, dû à des soucis de santé, laissant Eric Vanlerberghe seul aux commandes vocales. En tout cas ce soir, il assure parfaitement son rôle.
“For those who know us for more than 10 years, this song is for you” avant de reprendre le “Blank Space” de TAYLOR SWIFT.
Le prochain album du groupe, ‘Violent Nature’, est attendu pour septembre prochain et en avant-première, trois morceaux ont été dévoilés au public du MOTOCULTOR, offrant un aperçu de cette nouvelle ère musicale : “Into Hell”, “Violent Nature” et le dernier titre dévoilé en juillet, “Rain”.
Le groupe balance un medley explosif de “My Own Summer (Shove It) / Them Bones / Chop Suey!” parfait pour maintenir le public éveillé à minuit passé.
Le titre “Hurricane” est dédié à Dave Shapiro, co-fondateur de Sound Talent Group et manager du groupe, décédé lors d’un crash d’avion en mai dernier. “Sing with me!”
I PREVAIL a déchaîné une tornade d’énergie et d’émotions, s’imposant avec brio comme première tête d’affiche de cette nouvelle édition du MOTOCULTOR.
DOOL
Je termine la journée avec le groupe néerlandais de doom DOOL, qu’on a pu suivre en tournée avec HANGMAN’S CHAIR l’an passé.
Le groupe, mené au chant et à la guitare par Raven van Dorst, m’impressionne par sa puissance. Je ne suis pas forcément une fervente adepte du doom, mais j’ai ressenti beaucoup d’émotions pures et brutes à travers des morceaux issus majoritairement du dernier album en date ‘The Shape of Fluidity’ sorti en 2024. Et évidemment, il y a beaucoup du vécu personnel de Raven dans les morceaux. Ils ne peuvent que nous toucher en plein cœur. Loin d’une atmosphère pesante, DOOL nous offre un moment criant de liberté, d’affirmation de soi et de décomplexion totale.
Rien de tel que pour terminer en beauté cette première journée du MOTOC !
Quelle riche et intense première journée ! Si le soleil brillait haut dans le ciel, c’est bien l’accueil du festival breton qui a illuminé ce 14 août.
Retrouvez les live reports des 3 autres jours sur le site de Metal Rock Magazine :
– Report du Jour 2