Chronique – BUKOWSKI « Cold Lava »

Le nouvel album commence par le survitaminé “Headlights”, long de plus de 4 minutes, avec ses riffs de guitare assassins et sa rythmique basse-batterie très engagée. Niveau voix, Mathieu a voulu marquer un grand coup dès le départ, en montrant l’ensemble de ses capacités vocales, à l’image de cet interlude où il adopte une tonalité très basse pour nous susurrer “Give me the dragster, give me the pain, Give me the chains that bind me, Don’t care about it”.    

Le rouleau compresseur BUKO poursuit sa route avec les titres “A Thousand Knives” et “Criminals”.  
Le premier jouit d’une très belle composition, avec des transitions rythmiques soignées, jusqu’au final plus doux, voire désespéré.   
“Criminals” est le premier single dévoilé pour annoncer la sortie du nouvel album : “La colère, l’injustice, la vérité, voici CRIMINALS.” Certainement le titre plus puissant et engagé de l’album, musicalement construit comme un combat : “Think of when you spoke of “trust” to my face / Think of when you spoke the word “respect” / Think of when you mislead me down to less than nothing.” Le titre est accompagné d’un clip réalisé par Brice Henker et Amélie Diane, donnant la parole aux victimes de violences sexistes et sexuelles, où elles se joignent à Mathieu sur le refrain “Common, Criminals”, nous invitant à regarder en face toutes ces femmes, dans leur diversité, et à entendre leur appel à l’aide.    

Après ces trois gros morceaux très puissants en ouverture d’album, on enchaine avec le plus doux, plus mélodique “Cold Lava” – titre éponyme et deuxième single dévoilé. Le groupe retrace les années écoulées comme un sentier enseveli sous une lave figée, où chaque pas mène lentement mais sûrement vers la reconstruction et la résilience. L’équilibre est fragile, entre froide acceptation et vives émotions. Une quête d’identité sans réécrire l’histoire ni effacer les blessures, pour repuiser la force dont on a besoin pour continuer sa route.   

“Isolation” est un exemple de l’équilibre trouvé par BUKOSWKI, où l’on retrouve son essence brute, mêlée à des pincées de nouveautés, comme cette guitare sèche en milieu de titre et la chorale en boucle inversée. Un titre comme on les aime chez BUKO, de ceux qui nous donnent l’envie de donner de la voix avec Mathieu sur le refrain “Keep it going on and on, and on in action”. L’enchaînement est parfait avec le titre suivant, le très puissant “Neverending Fall”. 

C’est sur une longue introduction instrumentale, une voix crooner que débute “Whispers”, avant de se dévoiler totalement, où Mathieu crie ses angoisses sur le refrain et sur le final du titre, porté par une composition toute en tension.   

“Communication in Silence » est sans nul doute le titre qui s’inscrit le plus dans la pure tradition BUKO, celle de l’énergie déchainée, celle qui te donne envie de danser, de sauter, de chanter. On tape dans ses mains pour accueillir Reuno de LOFOFORA qui vient poser quelques vers en français sur le titre “Lis sur mes lèvres / L’amertume, la candeur, la fièvre” avant de finir dans un lâcher de micro “Don’t tell me to speak up loud!”. Définitivement l’un des meilleurs morceaux de l’album, tous les ingrédients sont réunis pour en faire un classique.     

A la première écoute, on pourrait croire que “Over The Vines” soit une simple balade, parfaite pour une déclaration d’amour. Mais quand on tend l’oreille pour discerner les paroles, l’émotion nous prend à la gorge immédiatement : c’est bel et bien une déclaration d’amour, mais à Julien, disparu en 2021.“We take you higher brother dear ». Un titre cathédral, rythmé par le glas, nous invitant au recueillement.  

Je n’étais pas prête pour le titre suivant, surtout après l’émotion dégagée par le morceau précédent : Benoît Poelvoorde qui chante “Magnolia Forever” pour introduire un « Gunpowder » explosif ! Les fleurs volent rapidement en éclat, avec un texte fort autour de la violence et des batailles dans lesquelles nous sommes entraînés malgré nous, qui tranche totalement avec le parti humoristique du départ.  

« Howls », titre plus stoner et l’un des plus courts de Cold Lava, achève l’album sur une longue plainte.