
A l’occasion de leur passage à l’Espace Vasarely d’Antony (92) en première partie de NOVELISTS, j’ai réalisé une interview de LAST SHORE, en compagnie de Jérémy (chant – composition) et Rémi (chant – écriture).
Pouvez-vous vous présenter pour les personnes qui ne vous connaissent pas encore ?
Rémi : On s’est rencontré à l’école. Un jour, je suis rentré dans la salle de répét de l’école et Jérémy était en train de jouer avec l’un de ses potes, j’ai commencé à rapper sur ce qu’ils jouaient. Une semaine après, il me demande si je ne veux pas être le chanteur du groupe – alors qu’à la base, je joue de la guitare. On a commencé à travailler ensemble, on s’est beaucoup cherché, ça a pris du temps avant de démarrer vraiment le projet, de trouver les musiciens aussi. Ca a vraiment démarré post-COVID.
Jérémy : LAST SHORE est un groupe qui s’est formé il y a quelque temps mais sous une autre forme. J’ai beaucoup composé pendant le COVID, parce que je n’avais rien d’autre à faire. Ca a donné l’EP [LAST SHORE].
Rémy : J’ai pris des cours de chant également, parce que je ne savais ni chanter ni crier, c’est relativement récent en fait. Toi, Jérémy, tu es passé au chant après tes soucis de poignet où tu ne pouvais plus jouer de guitare. D’être deux au chant, ça apporte beaucoup, que ce soit en terme de présence scénique ou en terme de complémentarité de voix et de tessitures : Jérém est plus dans le chant clair et scream, moi dans le rap et le scream. Et maintenant, on est là à faire nos premiers concerts !
Jérémy : troisième date ce soir et première partie de NOVELISTS. Ca fait très plaisir !
Vous avez sorti votre premier EP “LAST SHORE” en avril dernier. Comment avez-vous travaillé dessus ? Quelles ont été vos inspirations ?
Jérémy : comme je le disais, j’ai beaucoup écrit pendant le confinement. J’étais en dépression et c’est ce qui a nourri beaucoup de sons au final et qui forme la thématique principale : le traumatisme, les problèmes que l’on peut avoir avec soi-même, la dépression, l’anxiété. On a également un titre qui parle de harcèlement scolaire. Ca s’est construit comme ça. Au niveau de la musique, de base je viens plutôt de la scène hardcore mais j’ai aussi des influences doom-sludge et je pense que c’est ça qui a apporté le côté “trip”. Je suis aussi un gros fan de DEFTONES où il y a énormément d’émotions dans les morceaux. Ce sont toutes les influences que j’avais envie de mettre en avant. Rémi lui, il est plus hip-hop et on a donc pris le parti-pris de mettre du rap dès le début, parce qu’on trouvait que ça cadrait bien, entre l’énergie et le débit des paroles.
Rémi : ça traduit bien dans certains sons l’entraînement, ça monte en intensité et ça permet d’amener aussi le cri derrière, d’avoir une partie hachée, énervée.
Je vous ai découvert lors de votre premier concert au Festival Metalsphere l’an passé. J’avais ressenti beaucoup d’émotions qui se dégageaient, c’était très puissant et j’ai été saisie par l’univers graphique et le soin assuré dans la scénographie, qu’elle soit visuelle ou dans les transitions entre chaque morceau. Comment avez-vous construit votre univers ?
Jérémy : L’art c’est un tout, la musique c’est bien mais les visuels sont là pour retranscrire concrètement les émotions que l’on veut transmettre. Les deux sont très importants, c’est pour ça qu’on a travaillé avec Elise notre graphiste sur un code couleur pour chaque chanson, pour représenter les émotions à traduire. C’est beaucoup de travail et d’aller-retour avec Elise, elle essaye de retranscrire au mieux les sujets dont on parle. Par exemple, pour la pochette de l’EP, il y a une tâche de Rorschach pour faire le lien avec la santé mentale. Pour les pochettes de chaque single également, on a défini un code couleur spécifique, que l’on retrouve aussi sur scène. Nous voulions une atmosphère éthérée, atmosphérique – peut-être à l’inverse d’autres groupes de metal moderne où on peut plus retrouver d’influence du Japon ou de la pop.
Je vous interviewe à la sortie de votre troisième concert. Quelles sont vos impressions à chaud ?
Rémi : on a eu pas mal de pression, plus ou moins forte en fonction de chacun, on ne l’a pas vécu de la même façon.
Jérémy : moi je suis assez anxieux, du coup hier j’ai passé du temps à vérifier que tout fonctionnait bien. Mais au final, arrivé sur scène ça a été, grâce à l’énergie que le public nous renvoie. C’est un moment hors du temps.
Ca fait bizarre de croiser NOVELISTS backstage alors qu’il n’y a pas si longtemps, on les voyait en concert. Mais on est sur scène pour raconter l’histoire de la chanson. Par exemple, pour notre deuxième concert, on est passé très tard et il n’y avait pas grand monde, mais on va faire le même live qu’il y ait deux personnes ou bien dix mille – bon dix mille on n’y est pas *rires*.
Rémi : Oui c’est ça, à partir du moment où il y a du monde pour venir nous voir, on donnera le meilleur de nous-même. Et c’est aussi oublier pour un moment la technique. C’est ce que nous dit notre prof de chant, on a bossé des années pour placer notre voix, pour apprendre à crier et quand on arrive au live, ça n’a plus d’importance car on est là pour transmettre des émotions au public présent.
Je vous ai senti un peu tendu au début du set et après vous vous êtes totalement lâchés – sauf qu’après, il ne restait que 10 minutes. C’était hyper frustrant !
Jérémy : le set est encore assez court pour le moment, ce n’est que notre troisième date donc se mettre dedans directement, c’est encore compliqué et au début du set on a eu quelques cafouillages. Du coup, c’était un peu le rush. Mais le public nous a rendu toute l’énergie et c’est ce qui nous a permis de nous lâcher complètement.
Quels sont vos projets à venir ?
Rémi : la suite sera l’écriture d’un album.
Jérémy : on prendra le temps qu’il faut, on va continuer à pousser l’identité, à ajouter un peu plus nos influences. On va peut-être sortir de la thématique personnelle et intérieure. On a envie de parler de sujets engagés. Nous verrons comment les compos arrivent et ce que ça nous évoque. Je marche beaucoup aux sentiments, quand je compose une instru, j’ai toujours une idée en tête de ce dont j’ai envie de parler.
Rémi : moi avant de rejoindre le groupe, je n’écoutais pas du tout de metal, je n’aimais pas trop quand ça criait – hormis LINKIN PARK *rires*. Et depuis que je suis dans le groupe, je n’écoute plus que ça. On a des influences très différentes et ça apporte énormément au groupe – même si on n’est pas toujours d’accord sur nos goûts. Et sinon, on cherche à tourner.
Un dernier mot pour clôturer notre interview ?
Jérémy : j’aimerais déjà te remercier pour le live report de notre première date au Metal Sphere, ça nous a fait chaud au cœur. Et merci d’avoir organisé cette interview. On a aussi le soutien de la famille et des amis, ça nous donne de la force dans la création du projet. On a des amis qui nous aident, par exemple pour les clips parce qu’ils travaillent dans le cinéma. Notre graphiste est aussi d’un grand support. Ils nous portent vers le haut. On remercie également le public venu nous voir ce soir, notamment les personnes qui ne nous connaissaient pas et qui nous ont fait un super retour, sans l’énergie du public on ne peut pas faire ce qu’on fait.
Rémi : quand tu es sur scène, tu es face aux visages. On voyait qu’ils étaient à fond dans le concert et qu’ils avaient l’air de kiffer, c’est incroyable.
Merci à Rémi et Jérémy qui ont pris le temps de répondre à mes questions à la sortie de leur concert !