Aaron Sadrin, chanteur et compositeur du groupe Heartlay a bien voulu répondre à quelques questions lors d’un moment de confidence autour de l’album «The Alteration» qui est sorti le 10 Octobre
1) Salut Aaron, tout d’abord merci d’avoir accepté cette interview pour Metal Rock Magazine. Comment vas-tu ?
Merci à toi. Ça va ! Je reviens tout juste du tournage de notre nouveau clip qui paraîtra d’ici peu, on a hâte de partager ça.
2) Pour commencer, pourrais-tu te présenter en quelques mots, nous parler de ton rôle au sein du groupe et des personnes avec qui tu travailles, et nous expliquer pourquoi vous avez choisi le nom Heartlay ?
Je suis Aaron, chanteur, compositeur, instrumentiste, producteur et graphiste au sein de Heartlay. Nous sommes actuellement trois dans le groupe : Jeff Thibaud est à la guitare et réalise la plupart de nos clips, Nicolas Sindres est à la batterie et gère principalement la partie administrative du groupe.
Quand je cherchais un nom pour le projet, je voulais quelque chose de singulier, presque comme un nom de famille ou un alias, à la fois esthétique et représentatif de l’état d’esprit de la musique que je propose. Heartlay est une allégorie de la sincérité et de la catharsis : le fait d’exprimer ce qu’on a de plus profond à travers un support artistique, qu’il soit musical, littéraire, cinématographique…
3) Comment est né ce projet, et quel besoin ou quelle envie l’a fait naître ?
Avant la création du groupe, ça faisait déjà des années que je composais de la musique seul, uniquement par passion, sans forcément penser à la publier. En parallèle, j’ai occupé plusieurs postes dans des groupes divers et variés, sans que cela aille très loin. Après une énième expérience de groupe terminée sans réel aboutissement, je me suis dit qu’il était temps d’avoir mon propre projet, d’exprimer pleinement mes visions.
Après avoir publié mes premiers enregistrements en ligne, je me suis dit que ce serait intéressant de porter Heartlay sur scène, et de trouver des musiciens pour donner vie au projet en concert. On a commencé à jouer beaucoup en France dans un premier temps, puis est venue la création du premier album Close To Collapse, puis d’un deuxième… et le reste appartient à l’histoire.
4) Comment définirais-tu votre univers musical ?
Intense, cinématographique, cathartique.
5) J’apprécie beaucoup la manière dont votre musique combine des sonorités industrielles, une puissance percutante, des mélodies et une atmosphère sombre et intense.
Comment ces éléments se sont-ils façonnés au fil du temps, et quelles sont les influences, expériences ou rencontres qui ont nourri et orienté votre univers artistique ?**
Je pense que la musique s’est peaufinée naturellement au fil des années simplement grâce à la pratique. Mes influences ont évolué avec le temps, mais à la base, c’était surtout Nine Inch Nails, Deftones, Tool, certains Marilyn Manson, certains Ministry. En parallèle, il y avait aussi les scènes metalcore et deathcore qui m’ont marqué, ayant grandi à une époque où ces styles devenaient très populaires. À côté de ça, j’étais aussi très attiré par la new wave, le post-punk, ou encore l’ambient. De manière inconsciente, tous ces genres que j’ai beaucoup écoutés ont nourri mon inspiration d’une façon ou d’une autre.
Le cinéma et les arts visuels ont aussi une grande importance dans Heartlay, ils influencent autant la musique que les pochettes, l’apparence du groupe ou les clips. Des films comme Annihilation, Nosferatu de Murnau, Tetsuo et bien d’autres ont eu un véritable impact sur ce que je fais en tant qu’artiste. Jeff, que je mentionnais tout à l’heure, est très influencé par David Fincher, ce qui se ressent dans certains de nos clips, comme Broken Seams par exemple.
Mais je crois que l’influence fondamentale qui nourrit Heartlay depuis le début, ce sont les émotions que j’essaie de transmettre, issues de mon vécu. L’art a toujours été pour moi un moyen d’exprimer ce que j’ai sur le cœur, un langage plus sincère et plus évident que la simple parole ou les discussions quotidiennes.
6) Parlons de votre discographie : vous avez déjà sorti quatre albums depuis 2017 (Close to Collapse, Attack & Agony, We Are All Awake et Sovereign Sore en 2023), que j’ai pris plaisir à écouter attentivement.
À chaque disque, j’ai ressenti des atmosphères différentes, des histoires singulières, et une implication émotionnelle toujours renouvelée.
Pourrais-tu nous en dire plus sur cette évolution au fil des albums ?
Étant le créateur de la musique du groupe, celle-ci évolue avec moi au fil des différents processus de création. Chaque morceau, chaque album est le miroir de ce que j’étais à l’époque, dans ce que j’avais à dire, dans les émotions que je voulais transmettre, mais aussi dans mon approche technique.
Ce n’est pas une évolution forcée, elle se fait naturellement, car j’aime explorer différents horizons et que je suis obsédé par l’idée de faire mieux que la fois précédente. Et comme ce qui est “bon” en art est subjectif et changeant, tout évolue avec le temps.
7) Ce qui me séduit particulièrement dans vos albums, c’est cette approche presque narrative : on peut les écouter d’une seule traite, de la première à la dernière piste, grâce aux transitions et à la cohérence des ambiances.
On retrouve moins souvent cette manière de concevoir la musique aujourd’hui. Pourquoi avoir choisi de conserver cette direction artistique ?
C’est une volonté d’offrir une expérience immersive à l’auditeur, pas seulement une succession de singles calibrés en format “banger”. Je pense que la musique mérite mieux que d’être conçue uniquement comme une commodité destinée au divertissement. Ce que je cherche, c’est partager une expérience.
Avoir des moments d’accalmie, des passages instrumentaux, des transitions, ça aide à concevoir la musique comme un voyage, pas juste une suite de morceaux isolés.
8) Le 10 octobre sortira votre cinquième album, que j’ai eu la chance d’écouter en avant-première pour rédiger la chronique (elle paraîtra dans la section Chroniques du magazine).
Je tiens d’abord à te féliciter : selon moi, c’est l’une des sorties les plus marquantes de l’année.
J’y ai perçu quelque chose de très intime, comme une nécessité d’extérioriser des émotions puissantes. Dès la première piste, on est projeté sans détour dans une intensité brute, presque frontale, qui semble poser immédiatement les bases de l’album.
Peux-tu nous en dire plus sur la genèse de ce nouvel opus, sur l’intention artistique qui le traverse, et sur ce que tu souhaitais transmettre à travers cette œuvre dans son ensemble ?
Avec The Alteration, j’ai cherché à créer un album qui, à lui seul, puisse définir l’identité de cette ère de Heartlay. Le nom de l’album est inspiré de ce que j’exprime depuis le début avec le groupe : l’altération née d’une expérience, d’une évolution ou d’un événement.
L’altération peut être positive ou négative, sereine ou douloureuse, mais elle conduit toujours à un changement. Depuis les débuts, des titres comme We Are All Awake ou les intentions plus violentes et sombres de Sovereign Sore font écho à cette idée de transformation, de lumière atteinte à travers les épreuves, les altérations.
9) Est-ce que ton processus créatif est pour toi une forme de catharsis, un moyen d’exorciser des émotions profondes, ou bien vois-tu chaque morceau comme une pièce d’un puzzle plus vaste qui finit par devenir un album ?
Si tu peux nous expliquer.
Que ce soit en tant qu’auditeur ou en tant que musicien, la musique a toujours été pour moi l’outil de catharsis le plus puissant, du moins pour le moment. Même dans les phases où j’avais l’impression d’être la personne la plus seule au monde, elle était là. Ma volonté d’en faire est en partie née du désir de partager ces émotions avec d’autres, de leur faire ressentir qu’elles sont comprises et que nous les traversons ensemble.
10) Côté visuel, l’identité graphique du groupe est immédiatement reconnaissable : une colorimétrie sombre, des ambiances presque cinématographiques, parfois contrastées par des éléments plus délicats comme des fleurs.
Qui est à l’origine de cet univers esthétique et de la direction artistique qui accompagne vos pochettes et visuels ?
Concernant les pochettes, c’est encore moi qui suis aux commandes. Pour tout ce qui touche à la vidéo, c’est surtout le travail de notre guitariste Jeff.
Nous discutons généralement tous ensemble des directions à prendre sur l’aspect vestimentaire et make-up. Le look est intrinsèquement lié à la musique et à l’univers visuel, encore une fois, l’idée est d’offrir une expérience complète. Tout ce que nous faisons est pensé en fonction de ce que la musique véhicule.
11) Merci encore d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Souhaites-tu ajouter quelque chose pour conclure ? Peut-être quelques mots sur vos prochaines dates, ou un éventuel futur tour ?
Merci pour ces questions intéressantes. Nous préparons plusieurs dates que nous vous communiquerons bientôt, et beaucoup de nouveautés en attendant !
Par Anais Di Gregorio
