Après avoir fait leurs preuves avec l’EP « Panier de Crabes » (2022) puis « EXE.CRAB » (2023), les Nantais de LES HOMMES CRABES débarquent enfin avec leur premier album studio, « Galak 51 », et autant le dire d’emblée : le power trio ne fait pas dans la dentelle, mais dans la carapace bien rock et saturée.
Ce sept titres, enregistré en analogique au Garage Hermétique pour un son organique et brut de décoffrage, est une plongée sans concession dans un univers étrange et familier : la planète « Galak 51 », un miroir déformant de notre propre société de consommation et d’aliénation.
L’ouverture est fracassante avec « Just A Pawn ». C’est le coup de poing d’un rock alternatif percussif, teinté de riffs métalliques et d’une ligne de basse qui grogne. Le titre, déjà dévoilé, pose les bases thématiques de l’album : une critique de la condition humaine et de la hiérarchie qui nous réduit à de simples « pions ». Un parfait morceau d’échauffement qui fait remuer la tête et grincer les dents.
Vient ensuite « Spine », l’hymne fédérateur du rider libéré. C’est plus mélodique, plus enjoué, avec une rythmique sautillante qui rappelle le côté groove percussif que le groupe revendique. On sent l’influence des géants du rock des années 90, mais avec une patte bien crabe : une énergie brute et décalée. C’est le titre parfait pour l’autoroute ou le skatepark.
L’album prend une tournure plus sombre avec « Back From Me » qui, d’après les échos, aborde également l’aliénation. Le son se fait plus dense, la guitare d’Alx plus acérée. Le trio montre ici une maîtrise des dynamiques, capable de passer d’une tension sourde à une explosion rageuse.
Puis, on lâche-prise avec « No More » et le titre mystérieux « Mayonnaise Bee ». Ce sont les moments où la folie douce des Hommes Crabes prend le dessus. On sent la volonté de ne pas se prendre au sérieux tout en livrant un propos acerbe, un peu à la manière des textes cryptiques et décalés. La basse de Bat est particulièrement inventive, flirtant avec les arpèges Primus-iens sans jamais tomber dans la copie. « Mayonnaise Bee » est probablement la piste la plus imprévisible, un ovni qui pourrait devenir le nouveau chouchou des fans.
La tension remonte en flèche avec « Boiler ». Ce morceau est un cri d’alarme sur l’urgence écologique, utilisant la métaphore du crabe qui cuit lentement dans sa marmite. Musicalement, c’est puissant, avec un rythme lourd et lancinant qui traduit bien le danger latent. Le batteur Flo impose ici un beat implacable qui porte le titre vers un climax inquiétant.
Enfin, « I Try » vient clore cette escapade sur Galak 51. Un titre sans doute plus introspectif, une tentative d’évasion après le constat amer. Il y a une certaine mélancolie dans les mélodies, une respiration avant de reprendre son souffle.
Avec « Galak 51 », LES HOMMES CRABES confirment leur statut de groupe à suivre. L’album est court (7 titres), sans remplissage, et délivre un rock intelligent, technique et rudement efficace. Leur recette, cimentée par des influences 90’s (INCUBUS, PRIMUS, FOO FIGHTERS) mais passée à la moulinette de leur rock groove percussif unique, fonctionne à plein régime.
Si vous cherchez un disque qui cogne, qui fait réfléchir, et qui sort des sentiers battus du rock français, préparez-vous à vous faire pincer. Le 31 octobre, « Galak 51 » risque de faire de l’ombre à plus d’un plat de Halloween. Une excellente première pierre à l’édifice d’une carrière prometteuse.
Artiste : LES HOMMES CRABES
Album : Galak 51
Date de sortie : 31/10/2025
